Les soldats du XVIe siècle
L'enrôlement des soldats
Légende: Archer portugais et, à gauche, arbalétrier, début du XVIe siècle
La compagnie est l'unité tactique de base, au XVIe siècle. Elle regroupe un nombre variable de soldats, en moyenne une cinquantaine, mais quelquefois bien plus. Ils sont commandés par des officiers : le capitaine, assisté d'un ou de plusieurs lieutenants et d'un enseigne porte-drapeau. Tandis que les officiers proviennent habituellement de la petite noblesse, les sous-officiers se recrutent parmi les soldats les plus expérimentés ou les plus instruits. Ce sont les « anspessades » - à peu près l'équivalent du lance-caporal ou première classe moderne -, les caporaux, les sergents et les fourriers. Il y a au moins un tambour et souvent un fifre par compagnie, ainsi qu'un « soldat frater », dont la tâche est de donner les premiers soins aux blessés. Les compagnies peuvent se composer uniquement de piquiers, d'arbalétriers ou d'arquebusiers, ou d'un mélange de ces diverses spécialités. Comme on peut le voir, si l'on exclut les changements dus à l'évolution des armes et l'appellation de certains grades, la compagnie, telle qu'elle était constituée il y a 500 ans, présente de nombreuses similitudes avec celle d'aujourd'hui 13.
À la Renaissance, le capitaine recrute généralement lui-même les hommes qu'il lui faut pour remplir ses effectifs, mais il peut déléguer cette tâche à son représentant - le lieutenant ou le sergent « recruteur » -, qui fait les premières approches. Celles-ci doivent déboucher sur une entente. Lorsqu'elle sera conclue, la recrue se trouvera liée au capitaine par un contrat, parfois oral, et recevra alors « la prime », somme d'argent versée au soldat au moment de son enrôlement.
Le nouveau venu doit prêter serment aux « Articles de la guerre », qui définissent ses devoirs et ses obligations, notamment la fidélité au drapeau, et l'avertissent de ce qui l'attend en cas de mutinerie ou de désertion - habituellement la peine capitale. Quand il recevra sa solde, elle sera déjà entamée par divers paiements que retiendra le capitaine pour assumer les frais de son équipement et de son armement, s'il n'en possède pas. L'officier, en général, se repaye avec profit. La nourriture et le vêtement peuvent faire l'objet de semblables déductions. Si la recrue arrive, par ailleurs, armée, équipée et vêtue, diverses conditions de son contrat seront à son avantage. Il semble d'usage que les soldats envoyés outre-mer bénéficient de certains privilèges pour l'achat de leur fourbi, ce qui représente sans doute une forme de compensation.
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