L'Organisation de la Nouvelle-France
Les soins du corps et de l'âme
Les aumôniers
On ne saurait sous-estimer l'importance de la religion dans la vie des hommes au cours de cette période. La présence d'aumôniers au sein des troupes est indispensable, ne serait-ce que
pour administrer les derniers sacrements. Être malade ou blessé et ne pas recevoir les secours de la religion mettent au désespoir les officiers et les soldats les plus endurcis. Au XVIIe siècle, les besoins religieux des militaires sont assurés surtout par des missionnaires jésuites et des prêtres séculiers. En mars 1692, toutefois, le roi désigne un ordre mineur de Franciscains a74" class="endnote">74 en Nouvelle-France. On les rencontre dans les villes qui ont une garnison ainsi que dans les forts importants, comme Détroit ou Niagara. Il s'agit en quelque sorte du premier corps d'aumôniers militaires au Canada. Cet ordre devint très populaire au pays et, au milieu du XVIIIe siècle, les trois quarts des prêtres récollets de la colonie sont des Canadiens de naissance. Ayant fait vœu de pauvreté, ils subsistent grâce à une modeste subvention royale et aux aumônes. Ils sont logés et nourris sans frais partout où ils font leur office, sont vêtus d'une soutane de bure, portent des sandales de bois en été et « affectent une grande pauvreté, leurs croix sont simplement en bois » 75.
L'aumônier doit réciter la prière quotidienne et dire la messe chaque dimanche matin, ainsi que les jours de fêtes religieuses. Certains soldats et sans doute tous les cadets sont en outre tenus de suivre le catéchisme. Les vêpres ont lieu le dimanche après-midi. C'est également l'aumônier qui entend les confessions et administre les derniers sacrements aux soldats mourants, lorsque le chirurgien requiert ses services.
À une époque où la pratique religieuse est non seulement très importante, mais obligatoire, peu importe le niveau de foi que l'on professe, certaines cérémonies, avant le combat, soutiennent le moral des troupes. S'il s'agit d'une bataille relativement conventionnelle, comme un siège, par exemple, l'aumônier prononce une courte mais vigoureuse exhortation, donne une bénédiction générale, puis se retire à l'infirmerie pour réconforter les blessés ou, malheureusement, administrer les saints sacrements. Les aumôniers des troupes accompagnent certaines expéditions militaires.
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