Les troupes de l'Atlantique

Halifax, clef de l'Atlantique

Ayant perdu Louisbourg, les autorités britanniques décident d'établir à leur tour une puissante base navale et militaire en Nouvelle-Écosse. En 1749, ils fondent la ville de Halifax et des travaux d'envergure commencent. Cette décision est certainement, d'un point de vue de stratégie maritime, sinon de stratégie tout court, l'une des plus sages qui aient jamais été prises dans l'histoire du Canada et dans celle de la Grande-Bretagne elle-même. Halifax, c'est la clef de l'Atlantique Nord et, encore aujourd'hui, la plus grande base navale du Canada.

En mai 1749, les 65e et 66e régiments sont dissous, tandis que les trois régiments britanniques, les 29e, 30e et 45e, sont transférés dans la nouvelle ville. Le 40e régiment y établit son quartier général, et un détachement d'artillerie fait de même.

L'arrivée de plus de 1 300 colons à Halifax en 1749 entraîne bientôt la mise sur pied d'un corps de milice. Le 10 décembre, tous les hommes de la ville âgés de 16 à 60 ans et en état de porter les armes sont rassemblés au Champ-de-Mars, où l'on procède à la nomination des officiers. On forme 10 compagnies d'infanterie, chacune commandée par deux officiers et comprenant de 70 à 80 hommes, ainsi qu'une compagnie d'artificiers destinée à assister les ingénieurs de l'armée régulière.

Ces compagnies sont tenues de s'exercer au maniement des armes toutes les semaines. Les absents doivent payer une amende et peuvent même être emprisonnés. La discipline y est stricte - ne voit-on pas un sergent puni de 20 coups de fouet pour avoir insulté son capitaine ! Les devoirs consistent à participer à des corvées pour la construction des fortifications et à monter la garde à tour de rôle. Un détachement de 150 miliciens est préposé au guet chaque nuit. Ces hommes sont armés, mais n'ont pas d'uniformes. Ils gardent leurs vêtements civils. Cette solide organisation peut être considérée comme le véritable début de la milice dans les provinces maritimes.

Vers la fin de l'année suivante, une nouvelle compagnie de milice est formée à Darmouth et, en juin 1751, deux autres dans les faubourgs de Halifax. Les escarmouches provoquées par les Amérindiens qui rôdent continuellement autour des établissements britanniques rendent cette protection nécessaire. Le 22 mars 1753, le gouverneur Peregrine Hopson, aussi colonel du 29e régiment, oblige tous les sujets britanniques de la province à former des corps de miliciens, y compris les nouveaux colons allemands, qui se regrouperont dans le bataillon de Lunnenbourg.

Une milice maritime soldée voit également le jour en 1749. Elle sert à bord de petits navires afin de protéger le commerce côtier des raids navals des Micmacs, d'assurer les communications et d'acheminer les approvisionnements de Halifax aux détachements postés dans les ports d'Annapolis, de Pizquid, de Grand-Pré et de Canso. Les navires et leurs équipages, engagés par le gouverneur, forment un genre de petite marine provinciale temporaire. Les navires Ulysses, New Casco, Dove, Yorke et Warren sont en service de 1749 à 1755 et quelques autres le seront pour des périodes plus courtes. Ces bâtiments de dimension réduite mesurent approximativement 30 mètres, jaugent environ 90 tonneaux et sont sans doute armés de petites pièces d'artillerie. Cette milice maritime disparaît avec la déclaration de la guerre de Sept Ans, en 1756, car la Royal Navy assume alors la responsabilité de toute la défense navale.