Les troupes de l'Atlantique
L'île Royale est remise à la France
Durant l'année 1747, les compagnies franches de l'île Royale, celles qui avaient été envoyées à Rochefort en France, sont dépêchées à Québec, où elles renforcent la garnison. En 1749, le traité d'Aix-la-Chapelle ayant rendu Louisbourg à la France, la garnison, augmentée de 16 nouvelles compagnies, retourne à son point d'attache. Encore une fois, rapporte l'intendant Bigot en 1750, « l'esprit du soldat de l'île Royale, qui se trouve dans un affreux et vilain pays et resserré dans une place, s'y ennuie et n'est occupé que de trahisons » 131. Pour briser un peu l'isolement de la troupe, l'état-major propose d'échanger quelques compagnies de l'île Royale contre d'autres venant d'ailleurs au Canada. La mesure sera adoptée en 1752 et deux compagnies se remplaceront mutuellement tous les deux ans. Mais au Canada, cela « n'arrange pas tout le monde » 132 et cette pratique est vraisemblablement abandonnée à la veille de la guerre de Sept Ans. À Louisbourg, les mesures qu'on adoptera pour remédier à la situation seront surtout d'affermir la discipline.
Cette tâche sera accomplie par Michel Lecomtois de Surlaville qui arrive en 1751 comme major des troupes. Il observe que les rangs sont « mal alignés et [que] plusieurs soldats ne connaissent même pas l'usage de leur fusil » et parlent entre eux. Le défilé se fait « sans aucune règle fixe », les soldats portant leurs armes comme il leur plaît, et ayant les cheveux « point ou mal attachés ». L'armement et l'équipement sont en désordre, l'habillement « crasseux et usé ». Ancien colonel des Grenadiers de France, Surlaville se montre fort vexé de cet état de choses. Les officiers seront désormais tenus de porter leur uniforme et de montrer l'exemple de la discipline, les sergents devront demeurer avec leurs hommes et partager leurs repas, les cadets sont « avertis » de ne pas s'absenter des exercices, et les soldats devront se trouver aux casernes, être propres, « se peigner et attacher leurs cheveux ». Surlaville fait multiplier les exercices et, après quelques semaines, note certains progrès 133. La consigne qu'il applique ainsi a jusqu'alors été peu évidente au sein des troupes de l'île Royale, à savoir que plus la discipline est stricte, mais juste, dans une garnison isolée, plus les soldats qui composent celle-ci deviennent fiers et s'endurcissent à la vie militaire. Quand il quitte Louisbourg, en 1754, Surlaville laisse une troupe bien disciplinée, accoutumée aux exercices militaires et ayant sans doute un bon esprit de corps.
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