Les troupes de l'Atlantique
La défense de l'île Royale
Composition de la garnison
Du côté français, quelque 3 000 soldats et recrues seront envoyés à l'île Royale entre 1714 et 1755, ce qui n'empêchera pas les Compagnies franches de la Marine en poste d'être généralement en dessous de leurs effectifs. De 50 soldats par compagnie qu'il était en 1713, leur nombre passe, théoriquement, à 60 en 1723. Mais, en 1719, il manque une cinquantaine d'hommes, et, deux ans plus tard, près d'une centaine. Pour combler ces lacunes, un décret royal en date du 12 mai 1722 prescrit qu'un détachement de 50 officiers et soldats, tiré du régiment suisse de Karrer, soit envoyé à Louisbourg.
La fondation de ce régiment remonte au 15 décembre 1719 au moment où le roi Louis XV accorde à François-Adam Karrer, officier originaire de Soleure, en Suisse, vétéran des régiments de ce pays au service de la France, le droit de recruter un corps de trois compagnies de 200 hommes chacune. Tout régiment suisse levé en vertu d'un contrat, que l'on nomme « capitulation », entre le roi et le colonel, jouit d'une certaine indépendance quant à sa gestion et à la justice militaire. Selon les termes de cette entente, le colonel, propriétaire du régiment, loue celui-ci au roi à un prix convenu afin de couvrir la paye des officiers et soldats mercenaires ainsi que leur armement et leur habillement, tout en gardant une marge de profit. Le régiment porte le nom de son colonel et tous les officiers doivent être suisses. Quant aux soldats, leur nationalité importe peu, pourvu qu'ils soient recrutés par des Suisses. Ainsi on peut trouver parmi eux des Allemands, de même que des gens des pays de l'Est ou de la Scandinavie, protestants ou non. Mais il est formellement interdit à tous les régiments étrangers au service de la France d'engager « des soldats français », comme doit « l'expliquer » 129 le prince de
Bourbon au colonel Karrer, pris en flagrant délit d'enrôler des Français, en 1723. L'uniforme de ces militaires est rouge et ils ont droit au sabre, arme des troupes d'élite.
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