Les troupes de l'Atlantique

Les colonies britanniques

Un modèle différent

Les colonies britanniques qui se développent au XVIIe siècle sur le territoire du Canada actuel, en périphérie de celles de la Nouvelle-France, sont très différentes de leurs voisines du sud. Les établissements y sont peu importants, les populations peu nombreuses et surtout tournées vers la mer. Après la chute de Port-Royal, en raison de l'intérêt que la France manifeste toujours pour les ressources naturelles des régions de l'Atlantique et pour leurs avantages stratégiques, la Grande-Bretagne y maintiendra des garnisons relativement importantes, particulièrement en Nouvelle-Écosse. En 1713, quatre compagnies franches, comprenant chacune trois officiers et 88 soldats, en incluant les divers détachements postés à Annapolis Royal en 1710, sont en place. Deux ans plus tard, les décès et les désertions les réduiront à 60 hommes chacune.

Une autre raison motive le maintien de forts effectifs dans cette région : la difficulté d'y organiser une milice. En effet, après la reddition de Port-Royal, la population du territoire conquis se compose surtout d'Acadiens. La présence de ces « Français neutres » au sein de la colonie anglaise est une source d'inquiétude constante pour les autorités britanniques, qui craignent un soulèvement. Il n'est certainement pas question d'organiser militairement et d'armer ces gens qui peuvent tourner leurs armes contre eux à la première occasion ! Il n'y a donc que les colons de souche britannique qui peuvent être miliciens. Au début du XVIIe siècle, les premiers établissements anglo-écossais avaient déjà disposé d'un genre de milice. Les Français qui prirent le fort Rosemar, au Cap-Breton, en 1629, y trouvèrent 15 hommes armés d'arquebuses, portant des bourguignottes et des cuirasses avec brassards et cuissards. D'autres combattants étaient armés de mousquets et de piques. Il est clair que ces hommes étaient autant colons que soldats. Après le traité d'Utrecht, en 1713, la milice de cette colonie, assez modeste et rudimentaire, ne connut de véritable organisation formelle qu'en 1720, alors que deux brevets de capitaine furent émis par le gouverneur. Les commerçants de l'endroit furent alors regroupés en deux compagnies. Mais leurs devoirs ne semblent pas avoir été uniquement de nature militaire, car leurs capitaines étaient aussi officiers de justice. Cette milice disparut sans laisser de trace.